Lieu: ISEP
Heure début: 17:30
Date: 2011-03-30
Conférence 2100 numéro 131, en partenariat avec la Société européenne de l’Internet
Prospective de la perspective numérique
par Olivier Auber, artiste chercheur dans le domaine des réseaux,
vice-président de la Société européenne de l’Internet,
http://perspective-numerique.net et http://km2.net
Présentation :
L’exercice consiste à examiner les termes de la conjecture suivante : avec l’irruption des réseaux et du numérique, nous serions en train de construire, et de nous acculturer à -, deux nouvelles « perspectives », non plus visuelles, mais « anoptiques », c’est à dire non-optiques, en rupture avec la perspective spatiale qui constitue notre modèle de représentation majeur depuis la Renaissance…
Ces deux perspectives, dites « temporelle » et « numérique », particulièrement prégnantes dans les systèmes synchrones tels Twitter, Facebook, Skype, etc, seraient en passe de devenir le filtre majeur des jugements communs (doxa) que nous portons sur les réseaux. A notre insu, elles orienteraient déjà nos achats et nos usages en matière de téléphonie mobile, de jeux vidéo, d’énergie ou de service bancaire… Par contagion, à l’instar de la propagation dans les esprits du modèle de la perspective spatiale à la Renaissance, elles influenceraient bientôt nos jugements sur l’ensemble des objets techniques : l’automobile, la ville, l’architecture, les produits alimentaires, les médicaments, les prothèses du corps, etc. L’irruption de ces perspectives anoptiques constituerait donc un véritable changement de paradigme en matière d’imaginaire de la technique. Une conséquence sans doute positive serait que la doxa actuelle, souvent construite par désir mimétique, laisserait la place à une certaine connaissance conceptuelle (dianoia) de la manière dont la doxa elle-même se forme et s’exerce sur nous. Cela ne serait pas sans conséquence, aussi dans le champ économique et politique…
Lors de cette réunion, j’ai essayé de partager certaines clefs de compréhension de la nature de ces perspectives et de leur impact sur les imaginaires. Plutôt que tenter de prévoir les conséquences qu’elles induiront dans tous les champs de l’activité humaine, et de tenter prudemment de montrer comment elles pourraient fournir un ensemble d’outils conceptuels simples pour imaginer et construire dans le futur. Car à mon sens, que nous soyons scientifique, designer, industriel, politique, ou simple honnête homme, nous pourrions tous être bientôt transformés en « nouveaux perspecteurs »