Utopies

Utopies

Hendrick van Cleef, La tour de Babel, Paris, Fondation Custodia, Institut néer­lan­dais, Cliché Pascal Faligot, 2009, Creative Commons. Source Wikimedia Commons
  • Le programme Utopies est constitué à ce jour d’un atelier-club dirigé par Philippe J. Bernard
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Rappel du texte fondateur de Prospective 2100 pour ce programme séculaire mondial

Ici, le mot “Utopie” ne se réfère pas à un lieu qui n’existe pas. Au contraire, nous partons de l’hypothèse que chaque civilisation est guidée par son utopie. Les plus grands changements dans l’Histoire (démographiques, économiques, politiques, techniques) semblent bien liés à l’évolution des idées communément acceptées. Quel que soient les contraintes que subissent les humains dans leur contexte social, l’impact de ces idées ne peut être ignoré.
Au 21e siècle, en économie, la situation n’est plus tenable. Elle est devenue trop vulnérable aux rumeurs. Le crédit entraîne le crédit, et le discrédit accentue le discrédit. Dans ce monde conformiste, il faut un dévouement d’apôtre, comme celui de la Grameen bank , pour que des pauvres accèdent au crédit. Un fouillis de monnaies nationales, expression de particularismes archaïques, une dette permanente du tiers monde, des vagues spéculatives planétaires : le Capital, soi disant triomphant, est comme une cargaison mal amarrée dans la soute d’un bateau. Il est en permanence sujet au mal de mer, pris de malaises et de vomissements qui jettent à la rue des millions de travailleurs, qu’ils soient qualifiés ou non. Piètre victoire ! Et comme tout cela paraît injuste et futile en regard du travail à faire : la construction du jardin planétaire.
Hélas, il semble bien que les particularismes nationaux s’accrochent. Les réformes, dans ce domaine se décident sous la pression de troubles spéculatifs, pour restaurer un confiance perdue dans un capitalisme erratique. Il est néanmoins nécessaire d’en prévoir l’aboutissement inévitable : la multiplication de monnaies complémentaires sur Internet, dynamisant et stabilisant les relations de proximité, et sans doute aussi une monnaie mondiale, à condition qu’elle ne soit pas sous la domination d’un Etat particulier. Le rôle de l’Institut d’émission planétaire et du système fiscal associé sera le réglage du fonctionnement économique. Il devra d’un côté injecter suffisamment de monnaie (dans les grands programmes) pour réduire le chômage, et de l’autre ponctionner suffisamment de liquidités pour éviter les crises inflationnistes.

On entend souvent parler d’utopie, sans que le sens en soit toujours clair. Forgé en 1516 par Thomas More (lieu de nulle part), invité à répondre à L’éloge de la folie d’Érasme, le mot s’appliquait à une île aux mœurs étranges. Ce n’est qu’aux siècles suivants qu’il a désigné un « ailleurs » qui était aussi un futur, valorisé ou vilipendé.

Se distinguant de l’idéologie, vue du présent fort généralement dépréciée, l’utopie a affaire à une réalité en train de se faire. C’est dans cet esprit que les Rencontres sur l’utopie, devenues le Club Utopies de Prospective 2100, ont abordé les thèmes de l’utopie démocratique, technologique, écologique, scolaire, féministe, l’utopie de la ville, de la santé parfaite, de la justice, de l’intégration, du capitalisme. Plus ou moins présente dans ces visions, l’utopie moderne assure que les hommes ont des droits que la société reconnaît.

Parler d’utopie signifie également faire référence au pouvoir des idées partagées comme source de l’évolution sociale. En regard des changements sociaux et culturels, la constitution physique des hommes ne se modifie que marginalement. Mais les humains sont des êtres pensants, et face à la variété des évènements qui les affectent, ces changements peuvent être tenus pour le produit de sentiments et d’idées transmis des uns aux autres.

 

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