Par Aurore FRANSOLET (Doctorat en sciences)
L’Union Européenne ainsi que de nombreux États, régions et entités locales ont recours à la
prospective en vue d’assurer leur transition vers une société bas-carbone. Depuis la publication, en 2011, du 2050 Energy Calculator élaboré par le Département de l’Energie et des Changements
Climatiques (DECC) du Royaume Uni, les exercices prospectifs esquissant et explorant des images contrastées de futurs décarbonés et les trajectoires permettant de relier ces futurs au présent se sont, en effet, multipliés. Ce phénomène laisse entendre que la prospective est considérée comme une approche pertinente pour connaître et gouverner le problème climatique. Pourtant, elle est peu analysée comme telle. Partant de ce constat, la thèse a visé à comprendre, par un travail de recherche empirique sur les scénarios bas-carbone, comment la prospective joue son rôle d’outil de connaissance et de gouvernance du problème climatique. Cette recherche appréhende les mécanismes par lesquels les exercices de prospective bas-carbone contribuent à changer les cadres cognitifs des acteurs de la gouvernance climatique ainsi que le rôle des processus participatifs dans ces changements. Sur cette base, la thèse met en évidence la pertinence de concevoir la prospective comme un outil visant à faciliter la formation d’imaginaires collectifs de futurs désirables susceptibles de contribuer à des transformations vers une société bas-carbone. En outre, la thèse explore les limites des pratiques courantes de prospective appliquées au problème climatique ainsi que leurs répercussions politiques. Elle met en exergue les limites des scénarios bas-carbone reposant sur des approches exclusivement quantitatives et « expertales » et montre, sur cette base, la nécessité de développer des approches quali-quantitatives interdisciplinaires hybridant des savoirs « experts » et « profanes ». En guise de conclusion, la thèse élabore une proposition visant à mieux positionner la prospective comme outil de connaissance et de gouvernance du problème climatique en développant une prospective dialogique, c’est-à-dire, une pratique de la prospective qui met l’accent sur les processus de dialogue entre les différents acteurs et disciplines, ainsi que sur les imaginaires transformateurs dont ces processus visent à faciliter la formation.
La thèse a été soutenue par Aurore Fransolet en avril 2019 à l’Université libre de Bruxelles dans le cadre d’un doctorat en sciences réalisé sous la direction du Prof. Tom Bauler grâce à un mandat d’Aspirant FNRS.
0 comments on “La prospective pour connaître et gouverner le problème climatique : Le cas des scénarios bas-carbone”